Maudire Israël face à ces scènes horribles ne fait qu'accroître l'amertume de l'auteur. Ni les manifestations anti-Netanyahu en Israël, ni les manifestations universitaires aux États-Unis et en Europe ne donneront de résultats. Les manifestations en Israël ne concernent que les otages. Autrement, ils ne se soucient pas du génocide à Gaza. Les manifestations universitaires en Occident, d'une part, sont brutalement écrasées par la police, mais d'autre part, elles donnent naissance à leur équivalent et les protestations des étudiants pro-israéliens se répandent.
L'intention d'Israël est de nettoyer complètement Gaza, qui occupe une position géostratégique et géoéconomique critique, des Palestiniens et de l'annexer à Israël. L'Égypte et la Jordanie craignent beaucoup ce processus. Mais il est entendu qu'ils seront contraints de l'accepter sous la pression occidentale, peut-être en échange d'une compensation financière. Et ce n'est pas la première fois. La Jordanie, ainsi que le Liban, ont déjà fait l'objet d'une expulsion massive de Palestiniens. Au point que les Palestiniens sont devenus l'écrasante majorité de la population. Un de moins ou un de plus, quelle différence cela fait-il ? Selon certaines informations, l'Égypte n'autorisera l'arrivée de la population palestinienne qu'à l'intérieur d'un périmètre de sécurité constitué de milices armées issues des tribus du Sinaï. Bref, il est entendu que le sort des Palestiniens ne changera pas, même après une éventuelle relocalisation, et que le blocus de Gaza se poursuivra en Égypte.
Netanyahu ne s'arrêtera pas à Gaza, il visera également la Cisjordanie. En d'autres termes, il semble très probable que l'OLP, qui fait aujourd'hui l'autruche pendant que ses compatriotes de Gaza se font massacrer, connaîtra un sort similaire à celui de Gaza. Enfin, je m'attends à de nouvelles attaques israéliennes massives et soutenues au Liban et en Syrie. Pour Israël, le travail de l'Iran est loin d'être terminé. Sa préoccupation pour Gaza et les avertissements de ses soutiens occidentaux ont empêché Netanyahu de répondre à l'attaque iranienne dans la mesure qu'il souhaitait. Mais Netanyahu ne l'a pas oublié. Il cherchera à se venger à la première occasion. Il est évident que le deuxième dossier dans sa main sera la Türkiye et le Qatar. En fait, je ne doute pas que l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l'Égypte et la Jordanie seront liés à Israël par des liens plus étroits une fois qu'Israël aura achevé le génocide et la déportation de Gaza. La position de l'Arabie saoudite, qui a jusqu'à présent gardé ses distances par rapport à la boule de cristal, est particulièrement critique. Lors de sa dernière visite en Arabie saoudite, Blinken a discuté des implications de cette situation avec les autorités saoudiennes. Ce que veulent les États-Unis, c'est la disparition de Pax Sinica, qui promeut la paix et le rapprochement entre l'Iran et le Golfe et cherche à renforcer le système de paiement basé sur le Petroyuan, et ouvrir la voie à l'Inde avec son lourd bagage anti-musulman. Je ne pense pas que les Saoudiens s'y opposeront maintenant que leurs deux principales craintes, le parti Baas et les Frères musulmans, ont été écrasées. Il est probable que les Saoudiens prendront bientôt leur place autour de la boule de cristal comme leur petit frère, les Émirats arabes unis. Cela signifie la reprise des conflits entre les Arabes du Golfe et l'Iran, qui semblent s'être apaisés pour le moment.
Question 2- Quelle sera l'évolution des relations de la Türkiye avec l'Occident, déjà grevées de problèmes chroniques, puisqu'elle est le seul membre de l'OTAN à suivre une politique indépendante en sortant de l'orbite de l'OTAN dans la guerre Russie-Ukraine et à afficher de la manière la plus efficace sa position anti-israélienne ?
Question 3- La Türkiye pourra-t-elle trouver auprès des milieux financiers internationaux, largement contrôlés par les Juifs, le soutien qu'elle recherche pour surmonter ses difficultés économiques ?
C'est en effet un processus très difficile qui s'annonce. La Türkiye se trouve moralement au bon endroit sur la question de Gaza. Il est très difficile de maintenir cette position dans un monde qui est sorti de son champ moral...